Bien que n’ayant été citée officiellement ni par Natacha Bouchart dans son intervention ni dans la presse, notre association Partageons la rue – Calais se félicite d’avoir été à l’origine de l’engagement immédiat et concret de la ville dans une meilleure prise en compte de la place du vélo à Calais dès cet été. En adoptant la totalité des propositions « Vélo et déconfinement » que Partageons le rue – Calais lui a présentées, ainsi qu’à la population, d’abord en débat sur la page Facebook de l’association les 26 et 30 avril puis par courrier le 29 avril, la ville reconnaît enfin, pour la première fois, l’expertise des usagers et le travail réalisé. Ces propositions, alors relayées par la presse, ont fait la preuve de leur pertinence, et ont été un déclencheur, puisque la ville a même décidé d’aller plus loin. L’intérêt des calaisien⋅ne⋅s pour l’enquête du Baromètre des Villes Cyclables 2019 en novembre dernier et pour la prise en compte du vélo lors de la campagne municipale a sans doute aidé.
Ce dossier « Vélo et déconfinement » succinct mais complet (rappel du contexte national et international, avantages du vélo dans le déconfinement, rappel de la souplesse des essais, propositions pour Calais détaillées, avec simulations photos, aides financières possibles…) se voulait un outil de réflexion débroussaillant la question, un facilitateur, ce qui explique que les propositions aient été peu nombreuses car elles devaient être rapidement réalisables à peu de frais. Ces propositions, ainsi que bien d’autres sont faites régulièrement à la ville depuis 4 ans, notamment celle du Plan Vélo envoyée en février 2018.
Suite à la réunion du 26 mai qui consacre pour la ville la volonté de faire, les mesures suivantes que nous avions développées seront réalisées dès ce début juin :
- Mise à une voie-voiture là où il y en a deux, avec création de pistes cyclables larges : Boulevard Jacquard devant l’hôtel de ville, Pont Jacquard, Pont George V, Avenue Toumaniantz ;
- Création de deux couloirs cyclables Route de Saint-Omer ;
- Élargissement de pistes existantes : Rues de Valenciennes, Fontinettes, Blériot, (Curie, Coubertin ensuite…). Il serait incompréhensible que ces aménagements soient temporaires au regard de l’objectif de sécurité des cyclistes ;
- Renforcement des zones 30 de centre-ville et création à Calais-Nord. Les marquages au sol 30 au sol ne sauraient suffire, car ce sont les aménagements de partage de l’espace, comme par exemple la réduction de la largeur des voies, qui doivent amener l’automobiliste à baisser sa vitesse. C’est écrit dans la définition même des zones 30. Il serait là aussi incompréhensible que ces marquages soient temporaires, d’autant plus que la limitation à 30 km/h est très rarement respectée actuellement lorsque la circulation est fluide ;
- Création d’une zone 30 quai du commerce. Attention à bien penser les aménagements de manière à ne pas compromettre ensuite le passage futur de l’EuroVélo n°5 venant de Coulogne.
De toutes ces dispositions, les plus symptomatiques sont celles liées à la réduction des voies « voiture ». Car elles redéfinissent, symboliquement, fortement et durablement on l’espère, le partage de l’espace, en imposant de fait l’apaisement de la circulation, condition première pour que les cyclistes se sentent en sécurité, afin que le climat de convivialité ainsi retrouvé en centre-ville y ramène promeneurs et consommateurs, à pied et à vélo.
L’approche de la problématique vélo de celles et ceux qui nous dirigent doit changer, car de nombreux⋅ses citoyen⋅ne⋅s ont déjà opéré ce changement. Le vélo, ne doit pas être considéré « seulement quand il reste de la place », mais il doit faire l’objet d’une véritable volonté politique. La place du vélo dans les procédures de déconfinement, mais aussi lors des grèves des transports publics des dernières années, montre qu’il faut le considérer comme un mode de déplacement à part entière, avec un grand potentiel de développement pour le grand bien de toute la société. Il faut cesser de considérer le vélo comme un loisir seulement, ou destiné aux enfants, même si l’aspect loisir a un potentiel important à Calais, en terme de développement économique et touristique, avec les deux Eurovéloroutes (EV4 et EV5) qui traversent la ville. Des centaines de calaisiens circulent quotidiennement à vélo pour effectuer leurs trajets domicile-travail.
Dans le nouveau partage de la rue prometteur que constitue ce programme calaisien pour le vélo, Partageons la rue – Calais déplore cependant un grand absent : les doubles sens cyclables, mesure non accidentogène facilitant la vie des cyclistes, appliquée partout ailleurs, et que la municipalité de Calais refuse de mettre en place dans toutes les rues à 30 km/h en sens unique, alors que la loi l’y oblige depuis le 1er janvier 2016 ! Nous continuerons d’interpeller la ville sur ce sujet jusqu’à son application.
L’association se félicite aussi des incitations financières (aide à l’achat d’un vélo), qui ont été annoncées dans la précipitation. Une concertation avec les vendeurs professionnels et associatifs eût sans doute permis en amont une définition plus précise des conditions d’accès, évitant à ces professionnels des échanges infructueux au téléphone, du temps perdu, et donc d’éventuelles frustrations.
Globalement, notre association, est prête, comme elle l’a toujours proposé, à accompagner la ville dans la mise en œuvre de ces mesures, afin qu’elles se pérennisent. Un centre-ville doit être un lieu de vie, pas un lieu de transit. Il est important de laisser le temps, au moins l’été, pour que l’expérimentation ait un effet sur les habitudes des usagers et sur le trafic. Une étude chiffrée avec plusieurs indicateurs sera indispensable pour décider de l’avenir de ces aménagements temporaires. L’association propose d’ailleurs à la ville de Calais d’organiser une réunion publique à l’issue de cette expérimentation. L’aspect pédagogique est primordial quand on initie des changements d’habitudes.
Partageons la rue – Calais continuera à se consacrer à d’autres revendications urgentes telles que la sécurisation des accès vélo aux établissements scolaires, la mise en place d’itinéraires jalonnés, la mise en place d’arceaux et autres stationnements vélo, la généralisation des doubles sens cyclables, le respect des sas vélo, etc.