Pendant l’été, nous avons suivi la réalisation des aménagements cyclables annoncés en mai dernier dans le cadre du déconfinement. Le 31 juillet, puis le 23 août, nous avons fait le tour de Calais à vélo pour faire le point sur l’avancée des travaux et tester ces nouvelles conditions de circulation.
Le premier constat est un sentiment de meilleure sécurité et de confort quand on circule sur les nouvelles bandes cyclables et celles qui ont été élargies. Ces voies incitent toutes les générations à pratiquer le vélo en ville. Ce nouveau partage de la chaussée, sur le pont Jacquard et le boulevard Jacquard devant l’hôtel de ville, la rue Toumaniantz et la route de Saint-Omer, des axes que nous avions proposées comme « coronapistes » fin avril, montre que des signaux forts sont tout à fait réalisables dans le cadre d’un Plan Vélo et que les calaisien⋅ne⋅s sont prêt⋅e⋅s pour une ville plus sereine, plus calme et plus écologique.
Globalement les aménagements ont été réalisés tels qu’ils étaient annoncés :
- rue Royale, rue de la Mer, place d’Armes, rue de la Paix (1,1 km) : La signalisation verticale étant déjà présente, la zone 30 a été renforcée en juin par un marquage au sol de l’ellipse « 30 » (signalisation horizontale, en peinture blanche) après chaque intersection. Au mois d’août un marquage au sol que notre association réclamait depuis plusieurs mois a été ajouté (sauf dans rue de la Paix) :
- des combinaisons de figurines de cycliste et de flèches sur le bord droit de la chaussée dans le sens sud-nord ;
- des combinaisons de figurines de cycliste et de doubles-chevrons sur la bande cyclable aux intersections avec les autres rues dans le sens nord-sud ;
- pont Henri Hénon, boulevard Clemenceau, quai du Commerce (1,3 km) : La vitesse a été limitée à 30 km/h à partir du mois de juin. La signalisation verticale a été installée et le marquage au sol de l’ellipse « 30 » (en peinture blanche) a été ajouté après chaque intersection.
- rue Eustache de Saint-Pierre, rue Notre-Dame, rue du Seigneur de Gourdan (930 m) : Ces modifications n’avaient pas été annoncées, mais ces rues ont tout de même bénéficié du renforcement de la zone 30 avec le marquage au sol de l’ellipse « 30 » pendant le mois d’août. Étonnamment, seul le marquage de ces rues a été fait en résine, une matière résistante qui peut durer de cinq à huit ans, alors que la peinture se dégrade rapidement dès la première année.
- pont Jacquard, boulevard Jacquard (devant l’hôtel de ville), rue Toumaniantz (1,5 km) : Une des deux voies automobiles a été remplacée, depuis le mois de juin, par une voie dédié aux bus et aux cyclistes, comme le réclamait notre association depuis plusieurs années pour le centre-ville. La peinture jaune utilisée pour le marquage au sol permet de rendre visible la nouvelle place accordée au vélo. Malheureusement, les damiers jaunes symbolisant le franchissement de la voie cyclable par les véhicules automobiles sont très mal positionnés à plusieurs endroits de la rue.
- boulevards Jacquard, Gambetta, Lafayette et Pasteur (4,6 km) : La signalisation verticale étant déjà présente, la zone 30 a été renforcée en juin par un marquage au sol de l’ellipse « 30 » (en peinture blanche) après chaque intersection, en plus des marquages déjà réalisés aux entrées des boulevards en février dernier (en résine).
- rue des Fontinettes et rue de Valenciennes (1,3 km) : Les bandes cyclables ont été élargies de 50 cm environ pendant le mois de juin, comme l’avait proposé notre association fin avril en faisant remonter cette demande d’usagers. Les cyclistes peuvent ainsi s’éloigner du caniveau en pente. La peinture jaune utilisée permet de rendre visible cette modification.
- boulevard Blériot (2,1 km) : Les bandes cyclables, déjà suffisamment larges, ont été espacées de 50 cm du stationnement automobile en juillet. La peinture jaune permet là aussi de rendre visible cette modification.
- rue Hagueneau (490 m) : La bande cyclable est prolongée dans le sens nord-sud sur la contre-allée pour les riverains avec un marquage au sol de figurines de cycliste (en peinture blanche) après chaque intersection.
- rue de Saint-Omer (830 m + 600 m) : Des bandes cyclables ont été créées en juillet entre la voie de chemin de fer et la rue du Virval, et entre cette rue et le rond-point de l’autoroute, des figurines de cycliste ont été ajoutées en août (en peinture jaune).
- boulevard Curie (120 m) : Les bandes cyclables déjà en place sur ce boulevard ont été prolongées en juin (en peinture blanche) entre la rue Gaillard et la rue du Four à Chaux.
Ces modifications seront, pour la plupart, pérennisées : « certaines lignes jaunes deviendront blanches, d’autres seront modifiées » comme l’a indiqué, en août à la Voix du Nord, le conseiller municipal délégué à l’environnement et au cadre de vie, Hugo Marcotte-Ruffin.
Certains autres aménagements annoncés n’ont, en revanche, pas (encore) été réalisés trois mois après les premiers travaux :
- carrefours rue de Valenciennes – boulevard Curie, avenue Blériot – rue de Maubeuge, boulevard de l’Égalité – rue de Hagueneau, rue Toumaniantz – avenue Guynemer et route de Saint-Omer – rue du Virval : Aucun aménagement cyclable n’a été réalisé sur ces carrefours, sauf dans celui de la rue de Valenciennes et du boulevard Curie : une figurine de cycliste et un double-chevron sont placés, seuls, en plein milieu du carrefour dans le sens sud-nord, ce qui n’est pas suffisant pour indiquer une trajectoire cycliste.
- rue de Maubeuge (250 m) : Suite à la réfection de l’enrobé en juillet, le marquage au sol des bandes cyclables a en partie disparu et n’a pas encore été refait ni prolongé, comme l’a expliqué Hugo Marcotte-Ruffin à la Voix du Nord. Dans le carrefour avec l’avenue Blériot, il manque d’ailleurs un sas vélo avant le feu tricolore.
- square des Fontinettes (400 m) : La bande cyclable de la rue des Fontinettes n’a pas été prolongée, sûrement car la chaussée se rétrécie après la gare. Des figurines de cycliste ont été peintes en jaune jusqu’à la rampe des Fontinettes, mais elles sont particulièrement mal distribuées : il n’y en a qu’une seule le long de la chaussée accessible aux automobiles, mais six sur la rampe à laquelle elles n’ont pas accès. Ce marquage symbolise mal le partage de la chaussée. De plus, l’entrée actuelle de la rampe est trop étroite pour qu’elle soit évidente. À la sortie de la bande cyclable de la rue des Fontinettes, une trajectoire cycliste devraient aussi être indiquée vers la ceinture des boulevards Einstein et Curie.
Notre association propose également de revoir certains aménagements pour les améliorer :
- giratoires George V et Jefferson : Des figurines de cycliste ont été ajoutées contre le pourtour extérieur de l’anneau de ces deux giratoires. Depuis la publication du décret en 2015, associé au plan d’actions pour les mobilités actives, le CEREMA déconseille les aménagements « qui incitent les cyclistes à serrer la droite dans les giratoires et à se mettre ainsi en insécurité ». Il serait intéressant d’expérimenter la matérialisation de la trajectoire au centre de l’anneau, en particulier sur le giratoire George V.
- rue de Valenciennes, entre le giratoire Poyé et le boulevard Curie : Des figurines de cycliste ont été ajoutées sur le bord droit de la voie. Malheureusement, dans cette portion de rue étroite, les cyclistes sont ainsi invités à se rapprocher des automobiles en stationnement et les automobilistes sont incités à dépasser les cyclistes. Ce marquage au sol va à l’encontre de l’article R. 412-9 du Code de la Route qui, depuis 2015, mentionne qu’« un conducteur de cycle peut s’écarter des véhicules en stationnement sur le bord droit de la chaussée, d’une distance nécessaire à sa sécurité ». Afin d’éviter les dépassements dangereux, il aurait été souhaitable de matérialiser la trajectoire cycliste au centre de la voie comme le propose le CEREMA.
- boulevards Jacquard, Gambetta, Lafayette et Pasteur : Depuis plusieurs mois, notre association propose d’ajouter des figurines de cycliste le long de ces boulevards, à une distance du stationnement latéral nécessaire à la sécurité. Cela permettrait d’inciter les cyclistes, dont les cyclo-touristes, à utiliser l’espace qui leur est autorisé, plutôt que de circuler sur les dalles noires des trottoirs.
- boulevard Jacquard, devant l’hôtel de ville : Une des deux voies automobiles a été remplacée par une voie dédié aux bus et aux cyclistes. La bande cyclable déjà existante dans le sens sud-nord n’est maintenant plus utile et l’autre, dans le sens nord-sud n’a pas été élargie. Une redistribution complète des voies permettrait d’avoir deux bandes cyclables plus larges en conservant le partage de la voie avec le bus sur l’une ou l’autre. Dans le sens nord-sud, l’entrée sur le reste du boulevard Jacquard nécessiterait une matérialisation de la trajectoire cycliste à partir de la bande cyclable qui se termine sous le feu tricolore.
- rue Hagueneau : La contre-allée est parfois utilisée par des automobilistes souhaitant éviter la congestion du trafic sur la rue principale et accéder plus rapidement au giratoire. Un sens interdit sauf riverains et cyclistes pourrait limiter le risque de circulation trop rapide sur cette voie.
Lors de notre parcours à vélo dans la ville pour découvrir ces nouveaux aménagements, nous avons remarqué une fois de plus le manque de signalisation horizontal dans le carrefour entre les boulevards Jacquard et Pasteur. L’entrée et la sortie du raccourci cyclable le long du théâtre requièrent un marquage au sol pour guider les cyclistes et avertir les automobilistes de la traversée cycliste.
Plus généralement, l’état de la chaussée est malheureusement dégradé, en particulier celles des bandes cyclables élargies. Par exemple, la chaussée de la voie pour automobiles de l’avenue Blériot a plusieurs fois bénéficié d’une réfection du revêtement, mais pas les bandes cyclables.
Concernant la réglementation des zones 30, deux points sont importants :
- De nombreux marquages au sol de l’ellipse « 30 » ont été ajoutés dans les zones 30 et les rues à 30 km/h, après chaque intersection, mais aussi à l’entrée de ces zones et rues. Seulement, ces marquages ne sont pas tous conformes à la réglementation. L’arrêté du 23 septembre 2015, dans le cadre du plan d’actions pour les mobilités actives, n’autorise que la mention écrite « zone 30 » à l’entrée des zones 30. Cette mention aurait donc du apparaître sur la chaussée à la place de l’ellipse « 30 » à l’entrée des boulevards Jacquard, Gambetta, Lafayette et Pasteur, rue Royale, rue Notre-Dame, rue Seigneur de Gourdan et place d’Armes. Ce même arrêté n’autorise l’ellipse « 30 » que pour rappeler la présence en zone 30. L’utilisation de cette ellipse n’est donc pas conforme à la réglementation dans les rues à 30 km/h.
- Alors que la ville de Calais annonçait en mai le prolongement et le classement en zone 30 du pont Henri Hénon, du boulevard Clemenceau et du quai du Commerce, il s’avère que seule la vitesse de ces voies a été limitée à 30 km/h. La particularité de la zone 30 est que que les piétons sont prioritaires sur les véhicules, dès lors qu’ils manifestent l’intention de traverser. Ils ont cependant l’obligation d’emprunter un passage piéton lorsqu’il en existe un à moins de 50 m. Concernant ces voies dont la vitesse a été réduite 30 km/h, il semblerait qu’il n’était pas réellement nécessaire de permettre aux piétons de traverser en dehors des passages piétons existants.
En regroupant les nouveaux aménagements par type, le métrage des modifications est le suivant :
- Marquage au sol de l’ellipse « 30 » : 7,6 km
- Marquage au sol de figurines de cycliste : 2,3 km
- Élargissement de bandes cyclables existantes : 3,4 km
- Prolongement de bandes cyclables existantes : 370 m
- Création de bandes cyclables : 2,4 km
- Nouvelles rues à 30 km/h : 1,3 km
- Total des rues modifiées : 15,6 km
Si aucune piste cyclable n’a été créée et que peu de nouvelles bandes cyclables ont été ajoutées, cet aperçu montre qu’il n’est finalement pas si compliqué d’améliorer le confort et la sécurité des cyclistes sur leurs voies existantes, comme notre association le répète depuis des années. Ces premières expériences de matérialisation de la présence de cyclistes participe assurément à une sensibilisation au partage de la rue. De plus, ce n’était pas annoncé comme objectif, mais nous constatons que les marquages au sol ont avant tout entraîné un ralentissement des véhicules motorisés grâce au rétrécissement de leurs voies et au rappel des zones 30.
Il est évident que les « coronapistes » substituées aux voies automobiles facilitent la circulation à vélo, mais elle montrent aussi les limites de tronçons d’essai au même titre que des voies rapides à tronçons courts pour les automobilistes. Il est ainsi urgent d’inscrire ces axes modifiés dans un réseau sécurisé de voies cyclables car entrer et sortir de ceux-ci est parfois périlleux et exige une bonne connaissance des trajectoires.
Nous attendons maintenant que la municipalité assume son rôle pédagogique en terme de prévention routière afin que le code de la route soit mieux respecté par tous les usagers. Si perdurent le dépassement dangereux de cycliste dans les rues étroites, le non-respect des limitations de vitesse et le stationnement sur les bandes cyclables et autres voies de circulation, ces nouveaux aménagements ne suffiront pas pour rassurer les calaisien⋅ne⋅s sur leur vélo.